I.

la chose pour qu'elle même s'autorise


la chose pour qu'elle-même s'autorise
à être comme si la chose elle-même
étant de trop
non pas que la chose soit mais qu'elle

essaime
pollinise
virilise

voici le nouveau mode de l'être
tel qu'il se vit aujourd'hui

retranscription simultanée
comme mentir

de l'être en trop à la surface sur les bords
coule
cela ressemble à du jus de chaussette
authentique jus de chaussette

comprenez

le monde l'ensemble de ses possibles et
significations
entré dans le temps de grande jachère

précédant la moisson finale

il est préférable à toute action
le retard de cette action même
car celle-ci est dans le retard

sauvée libérée de la pollution
du nom pire que le brouillard
qui précède les grands tournants

le matin ose le retard la lenteur la paresse le silence
l'arrêt brusque et réfléchi
l'irréfléchi de la possibilité même

pour comprendre ce que Dieu signifie par son absence
qui parle

il n'est pas d'autre poésie que celle-ci
elle fait la parole trembler
attendre trois jours au tombeau sont ici

rouler la pierre comme parler avec

un caillou dans la bouche
les syllabes viennent mieux comme ça
et ça fait fuir l'Enfer


II.

donner un aperçu du règne
qui se souvient


donner un aperçu du règne
qui se souvient

tu l'as déjà rencontré simplement
tu ne mettais pas un nom dessus
un visage
un film un souvenir une émission

tu le connais mieux que toi-même

c'est enfantin que le visage de Dieu
s'appelle visage unique
tous les visages comme un seul visage

rien à voir avec ce procédé numérique
à la con qui superpose le visage des gens
pour en faire un visage moyen

haine du kitsch
du montre-moi

le droit des aveugles ont vu
promesse incontournable
il y a mieux que voir
sentir entendre toucher avec les mots

cet incendie au sommet duquel
Douceline vole dans la chapelle
de Roubaud à Digne puis à Marseille

vous qui vouez vos vies
à la chose présente
aux gémonies

quel est le poids de la croix

admirable est la chose bue

On peut se procurer mon premier livre en France, au Canada, aux USA. It's my first book and it's a good opportunity to meet me as a poet, being the peak of myself. I'm not writing poetry for poets, my poetry is for the people, regular people like me. There's always a mountain exploding somewhere, a naked woman watching an old bike when a poet's writing.

This position is not an usual writing position. The woman here, Françoise, is writing in this uncomfortable position because she had a poem. And this poem was very urgent, like a besoin urgent. This is what she answered to me when I asked her: why do you write like this? Then I added: does it hurt and she said: do you mean, do the poem hurt? Of course, the poem hurts; this is why I prefer to suffer one moment in this position instead of suffering for ever and not writing the poem. I had some more questions. For instance, what about paper vs portable computer? Brown trainers? Right handeness? etc... I must confess that Françoise lost her poem because of my stupid questions.